Applications métier sans code : mythe ou réalité ?

par | 7 février 2025 | Logiciels

Applications métier sans code : mythe ou réalité ?

En quelques années, le no code s’est hissé au rang de techno incontournable, présentée (exagérément ?) comme la solution ultime pour digitaliser sans mobiliser toute une armée de développeurs. Et pourtant, les plus sceptiques relèvent les questions de fiabilité, de personnalisation ou encore de sécurité. D’un côté, on vante la rapidité et la simplicité. De l’autre, on redoute un manque de profondeur technique. Alors, ces fameuses applications métier qu’on construirait sans écrire la moindre ligne de code, est-ce un fantasme marketing ou un véritable tournant de la transformation digitale ?

Pourquoi les applications métier sont-elles historiquement complexes à développer ?

Lorsque l’on parle d’applications métier, on parle généralement d’ERP, de CRM, de plateformes de gestion logistique ou d’outils de production en temps réel. Autant dire des systèmes complexes, intégrés au cœur de l’infrastructure de l’entreprise.

Ces logiciels ont en commun :

  • Une couche fonctionnelle : des règles métier ultra-spécifiques, parfois ancrées dans la culture de l’entreprise depuis des lustres.
  • Une couche technique : des bases de données héritées, des protocoles maison, des interconnexions avec des systèmes externes (banques, partenaires, fournisseurs, etc.).
  • De fortes exigences : disponibilité (24/7), tolérance aux pannes, conformité réglementaire (santé, finance, etc.).

Résultat, chaque nouvelle fonctionnalité peut impliquer une cascade de développements, de tests, de revalidations.

Et ça coûte cher en temps et en ressources, sans garantie d’éviter les retards ou les bugs.

L’émergence du no-code et son accessibilité pour les experts métier

Le no code (et son cousin le low code) a donc fait irruption pour répondre à un constat : dans bien des cas, développer une interface simple de saisie, de workflow ou de reporting ne devrait pas exiger un bac +5 en informatique et six mois de chantier.

Le principe : fournir des composants prêts à l’emploi (formulaires, tableaux, connecteurs…) qu’on assemble par configuration et par glisser-déposer, plutôt qu’en codant chaque ligne.

Pourquoi ça séduit ? Eh bien pour 3 raisons ma bonne dame

  • Autonomie : les experts métier peuvent eux-mêmes bâtir leurs propres outils, sans attendre le feu vert d’une DSI déjà surchargée.
  • Rapidité : On sort un prototype en quelques jours, on itère, on ajuste.
  • Coût réduit : moins de développeurs spécialisés, moins de longs cycles de specs, moins de risque de dérive budgétaire.

En fait, on le voit fleurir partout : du service marketing qui crée son mini-CRM, à la startup qui veut lancer une MVP en un temps record, en passant par l’équipe RH qui bricole un module d’onboarding.

Bref, le no code se propage comme une traînée de poudre, avec comme promesse ambitieuse de démocratiser la création d’applications.

Comment garantir qualité, sécurité et scalabilité sans écrire une ligne de code

Face à l’argument des détracteurs « Ok, c’est chouette pour de petites appli internes, mais quand il s’agit de monter en charge ou d’assurer une sécurité en béton, ça coince »…c’est vrai que le no code a ses limites, surtout si on le compare à une application codée à la main.

Pour autant, on peut tout à fait bâtir des apps robustes si on adopte une méthodologie stricte :

  1. Choisir une plateforme sérieuse : Tout n’est pas rose dans le no code land. Certaines solutions sont plus matures que d’autres (intégration SSO, support RGPD, mécanismes de chiffrement, SLA de disponibilité).
  2. Travailler sur la gouvernance : Établir un référentiel commun pour les règles de nommage, la gestion des rôles et des permissions, l’usage des connecteurs externes. Éviter l’anarchie, en somme.
  3. Effectuer des tests de charge et de sécurité : Même sans code, on peut simuler des montées en charge. On peut aussi réaliser des audits pour vérifier que les flux ne partent pas en clair sur le web.
  4. Valider la scalabilité : Si l’appli commence à accueillir des centaines ou des milliers d’utilisateurs, la plateforme peut-elle suivre ? Y a-t-il des limites en termes de requêtes simultanées, de taille de base de données ?

En procédant ainsi, on n’échappe pas à la rigueur d’un projet IT classique, simplement, on accélère la partie build de l’interface et de la logique de base.

Cas d’usage concrets dans les secteurs réglementés (santé, finance, etc.)

On se dit souvent que le no code, c’est mignon pour un petit formulaire marketing, mais que ça ne passera jamais dans des secteurs sensibles…

Sauf qu’en réalité, certains éditeurs no code se sont déjà positionnés, comme la plateforme DAZZM pour créer des logiciels d’entreprise qui répondent aux normes les plus exigeantes !

Exemples de cas d’usages en santé :

  • Plateformes validées HDS, capables de stocker des informations médicales.
  • Formulaires de suivi patient configurés par des médecins eux-mêmes, sans passer par un cycle de dev.
  • Respect de la traçabilité pour être conforme aux obligations légales et de responsabilité.

Exemples en finance :

  • Applications internes pour suivre des risques, paramétrer des alertes en temps réel sur des indicateurs.
  • Connecteurs bancaires sécurisés, SSO avec un annuaire d’entreprise, historique des modifications pour audit.

Alors bien sûr, ça ne veut pas dire qu’on code 0 ligne.

Parfois, on ajoute des scripts custom pour la validation d’un IBAN ou d’un calcul d’intérêts.

Mais dans ces exemples le gros de l’appli peut tout à fait être construit en mode « visuel ».

Jusqu’où peut aller le no-code avant de nécessiter du développement traditionnel ?

A la question qui fâche « Le no code peut-il tout faire ? », je vous répondrai forcément « non ».

Si on a besoin de réaliser :

  • Des traitements à haute performance ou très complexes (calculs d’IA, algorithmes crypto…)
  • Des intégrations ultra-spécifiques (connexion à un protocole maison, optimisation pour du temps réel)
  • Une personnalisation front-end poussée au pixel près (animations complexes, interface 3D)

…on risque tôt ou tard de buter sur les limites de la plateforme. Arrive alors l’inévitable escalade, on passe au low code (on injecte un peu de script), ou carrément au développement traditionnel pour certains modules clés.

En somme, le no code couvre un large spectre de besoins métier standard (CRUD, reporting, workflow), mais quand on veut aller très loin, on a toujours besoin d’ingénieurs pour jouer avec la pile logicielle et s’assurer que tout tient la route à grande échelle.